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Le Grand Clocher - Saint Jean de Maurienne
Le Grand Clocher - Saint Jean de Maurienne
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8 mai 2015

Un peu d'histoire...

Si Saint-Jean est aujourd’hui capitale administrative de la Vallée de la Maurienne, cela est sans doute dû au fait que vers 579, le roi franc Gontran érige la Maurienne en diocèse faisant de « Maurienna, vilis locus » son chef-lieu, dans le but de conforter son rôle de contrôle sur les voies de passage des Alpes.

Le bourg prend alors le nom de Saint-Jean-de-Maurienne, pour faire référence aux reliques de Saint Jean le baptiste, rapportées d’Alexandrie vers 550 par Thècle dont la légende est transmise par les écrits de Grégoire de Tours, historien du roi Gontran.

Lieu de pèlerinage réputé pour les miracles attribués à la présence des reliques,  le chef-lieu du diocèse prend alors un essor important, fréquenté par les pèlerins qui, pour se rendre en Terre Sainte ou à Rome, franchissaient le Mont-Cenis.

Du premier édifice ayant probablement accueilli les reliques, il ne subsiste que peu de choses : quelques remplois carolingiens dans les piliers de la cathédrale…

Cependant en 1041, la charte de l’évêque Theobaldus fait état de deux sanctuaires côte à côte : la cathédrale Saint-Jean-Baptiste et l’église Sainte-Marie (actuellement nommée Notre-Dame).

Dans le même temps, Humbert aux Blanches Mains reçoit des mains de l’empereur Conrad le Salique l’investiture du comté de Maurienne devenant le fondateur de la Maison de Savoie.

La seule représentation de la cité de Saint-Jean à l’époque médiévale est celle du Theatrum Sabaudiae réalisé en 1682 à la demande de la Maison de Savoie.

On y voit bien la Cathédrale, l’Eglise Notre-Dame, le Grand Clocher relié à d’une part à l’église et d’autre part au Palais Episcopal.

Sur cette gravure apparaît le clocher tel qu’il a été reconstruit au XV° siècle à la demande du cardinal d’Estouteville, évêque de Rouen et de Maurienne de 1452 à 1483.

D’après le chanoine Bellet « il l’avait doté en 1477,  d’une flèche de 39.60 m  avec quatre clochetons en encorbellement de 11.37 m reliés par des arcatures et une galerie couverte surmontée elle-même d’une galerie octogone placée en retrait sous la flèche »

Symbole de la puissance de l’Evêché de Maurienne, cette flèche devait être vue de très loin par les voyageurs qui traversaient la Maurienne.

En février 1794, un décret du représentant du peuple nommé Albitte, en mission dans les départements de l’Ain et du Mont Blanc, ordonne la démolition de tous les clochers et la confiscation de toutes les cloches. Le Grand Clocher est donc concerné.

Réalisée en 1794, la destruction de la flèche entraîne la démolition d’une partie de l’église Notre Dame  et des bâtiments qui reliaient le clocher à l’évêché.

Le grand Clocher se retrouve alors isolé sur la place.

Isabelle Parron-Kontis, archéologue, en a fait une étude très précise publiée en 2002 :

« De forme carrée 10mx10m à l’aspect massif et austère, il contraste avec les édifices environnants. Il présente deux niveaux distincts :

- le premier niveau correspond aux 10 premiers mètres de l’élévation.

Elle note la présence de lésènes ainsi que plusieurs ouvertures : portes et fenêtres étroites et date cette construction du XII°s.

- le second niveau haut de 20 mètres est légèrement en retrait par rapport à l’aplomb de l’étage inférieur.

Elle note la présence de quatre baies géminées (remaniées)

Une colonnette en anhydrite et un chapiteau décoré d’une tête et de feuillages simples seraient du XIII°s.

Par manque de document, l’archéologue ne s’autorise qu’un essai de datation basé sur les modes de construction et les traces relevées sur le clocher :

Dans un premier temps, au XI° s, l’église est édifiée avec abside et nef unique, puis on lui adjoint une construction - constitué par la base du clocher actuel - de même hauteur que l’église formant une avant nef.
Au XIII°, cet espace est surmonté d’une tour (le second niveau)

Plus tard au XV°s, Monseigneur D’Estouteville, évêque de Maurienne, lui donnera sa splendeur en le surmontant d’une flèche de près de quarante mètres de haut ».

Détruit au XVIII°s par les révolutionnaires, recouvert au début du XIX° par un toit à quatre pans, restauré en 1903 et en 1988, retrouvera-t-il sa splendeur d’antan en ce début de XXI°s ?

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